Tout comme Perrette et son pot au lait, notre Ministère s’est nourrie de belles illusions en nous présentant une réforme du lycée professionnel utopique qui serait à l’écoute des personnels et des élèves.
Ainsi nous pouvions espérer :
- Une revalorisation pour tous les professeurs.
Les professeurs bénéficieront dès la rentrée 2023 d'une hausse de leur rémunération. L’augmentation de celle-ci pourra varier de 100 € nets jusqu'à 230 € par mois nets pour les professeurs en début de carrière.
- Création d'un bureau des entreprises par lycée professionnel.
A partir de la rentrée 2023, un bureau des entreprises sera ouvert dans chaque lycée professionnel. Ce bureau accompagnera les lycéens dans leurs recherches de stages et d’alternances, facilitant ainsi la participation des professionnels aux activités de l’établissement.
- Renforcement des enseignements aux savoirs fondamentaux en effectif réduit.
Les professeurs interviendront en face-à-face pédagogique et auprès de groupes à effectifs réduits en seconde professionnelle et en première année de CAP, afin de mieux accompagner les élèves en difficultés, et plus particulièrement en mathématiques et en français.
- Des activités optionnelles pour enrichir le parcours des lycéens.
Les activités optionnelles permettront aux jeunes une ouverture culturelle organisée sous la forme d’initiation à l’entrepreneuriat, de codage, de pratique d’une langue étrangère, d’ateliers artistiques, de création numérique, etc.
- La mise en place du dispositif "Ambition Emploi"
Possibilité est donnée pour les professeurs d’accompagner chaque jeune sans solution après le lycée professionnel à partir de septembre et pouvant aller jusqu’à décembre, en construisant un parcours adapté à ses besoins, en partenariat avec les acteurs locaux de l’emploi.
- Augmentation des places de formations courtes et complémentaires après diplôme.
Des mentions complémentaires dispensées en Bac + 1 seront proposées aux élèves afin de faciliter leur insertion professionnelle. Passage de 4 500 à 10 000 places au niveau national.
Tout comme Perrette, notre ministère a été amené à la dure réalité en cette rentrée. Les personnels et les élèves ont vu leur rêve d’un lycée bienveillant s’envoler. Les témoignages sont loin du portrait idyllique qui a été dressé…
Jean, enseignant en PLP : « Sur le fond les enseignants ne sont pas contre la réforme des lycées professionnels mais trop souvent les élèves ont été orientés sans que leurs choix ne soient respectés.
Demander à un élève de 15 ans de s’engager dans une filière professionnelle peut être motivant lorsqu’il est accepté pour son 1er vœu.
Mais la réalité est tout autre lorsque les élèves sont orientés par défaut. Alors comment les motiver lorsqu’ils sont orientés dans des filières qu’ils n’ont pas choisies..
Nous voyons bien que la dernière réforme n’a pas permis de résorber le problème de fond, et une grande majorité des élèves est toujours orientée par défaut. Les élèves sont de plus en plus absents et le niveau ne cesse de baisser.
Que fait le gouvernement ? Au lieu d’améliorer la réforme précédente, il rajoute à cette réforme une nouvelle réforme. Alors comment si retrouver avec ce millefeuille. »
Rachid, enseignant en PLP : « Les enseignants se sentent mal aimés et ne sont pas dupes. Ils comprennent bien que l’objectif visé est de transférer aux régions la gestion des LP.
Alors nous laisser croire que tout est fait pour le bien de nos élèves est un leurre, c’est en quelque sorte noyer le poisson.
Pourquoi ne pas mettre carte sur table pour expliquer ce transfert vers les régions en concertant la communauté éducative ? »
Pour éviter les écueils qu’avait pu rencontrer Perrette en brisant son pot, la CFTC EPR demande l’annulation des réformes dévastatrices, l’ouverture d’un cycle de concertations élargies avec l’ensemble des acteurs pour donner au lycée professionnel la place qu’il mérite en ce XXI ième siècle.