Direction d'école... Un métier méconnu en mal de reconnaissance !

Rédigé le 11/12/2023


La CFTC Enseignement Publique et Recherche l'avait déjà annoncé : les directrices et directeurs d’école craquent et le disent. Ils n’en peuvent plus de ce système hypocrite où ils sont responsables, mais pas vraiment, pilotes mais pas vraiment, organisateurs mais pas vraiment, premiers interlocuteurs mais pas vraiment…

Ils sont le pivot de l’école, mais pas vraiment…

Dans les faits, si…

Lorsqu’une difficulté apparaît, le directeur doit être présent et représenter l’Education nationale. Directeur en titre ou plutôt valet au quotidien, il donne encore et toujours plus de sa personne. Ce dernier point est bien connu de notre administration. Un directeur d’école  fait tout ce qui est en son pouvoir pour faire fonctionner "son" école. Il se consacre à corps perdu pour satisfaire élèves, parents, hiérarchie, partenaires… au détriment de sa santé, au détriment de son avancée sociale (il n’y en a plus !).

Au quotidien, il endosse une panoplie de casquettes : enseignant, directeur, infirmier, secrétaire, psychologue, informaticien, gérant, chef de chantier… Il est au front à tout moment de la journée et il demeure le premier rempart de l’institution. Parents, administration, partenaires savent qu’il est présent et l’utilisent souvent pour déverser leur mal être, leurs incompréhensions, exprimer leurs difficultés. Le directeur doit écouter avec bienveillance, répondre avec diplomatie, participer, encadrer, faire, faire et encore faire…

Concrètement, les directrices et directeurs d’école sont présents à l’école pour remédier à toutes les difficultés et répondre à tous ! Pour preuve, lors du confinement, tous ont reconnu l’importance du rôle de la direction d’école, de son implication dans la sphère Education...

Et si la hiérarchie déplore le manque de reconnaissance, de statut… elle ne fait rien pour remédier à la situation.

Et pourtant...

Tous s’accordent à dire que la direction d’école est un métier à part entière ! Le temps du directeur-enseignant est dépassé ! On demande au directeur d’être expert au niveau de la sécurité, de gérer et d'accompagner une équipe, de coordonner le projet de l’établissement, d’être l’interlocuteur privilégié des partenaires… Compétences, attributions, métier qui n’ont rien à voir avec le statut et les missions des enseignants !

Pour rappel, il y a encore quelques années, une association de directeurs d’école avait effectué un sondage, faisant remonter le fait que 93% des directeurs revendiquaient un statut.

Craignant de voir apparaître des petits chefs, nombreux sont les syndicats qui s’y opposent, se proclamant les grands défenseurs de l’Education nationale, et devenant les grands politiciens de la direction des ressources humaines à moindre coût !

Ces mêmes pseudo défenseurs de la direction qui s’évertuent à rabâcher ce qu’il faut faire ou ne pas faire aux directrices et directeurs d’école, pour la plupart, sans jamais avoir endossé le tablier du directeur ! Ces mêmes défenseurs qui revendiquent les mêmes piécettes depuis 1989 ! Ces mêmes pseudo défenseurs qui réclament depuis Mathusalem quelques heures de décharges supplémentaires, une direction collégiale (impossible à mettre en place), une aide à la direction (qui a été supprimée au vu de son manque de statut), une charte entre les directeurs et les IEN (n’apportant rien de nouveau), quelques deniers supplémentaires (et non une grille propre aux directeurs car pour eux "on fait tous le même métier!")

Pourtant, pour la CFTC-EPR, tous seraient gagnants si un statut spécifique aux directrices et directeurs d'école voyait le jour. L’Education Nationale, l’école, le monde enseignant ainsi que tous les partenaires bénéficieraient de cette avancée notoire.

Une fois de plus, une petite explication sur le statut de la direction d’école semble nécessaire.

Au préalable, lorsque l’on parle de statut, la CFTC-EPR notifie qu’il y a nécessité d’attribuer, en urgence, à l’école un réel statut juridique donnant une vision claire de la gouvernance de l’école de la République du 21èmesiècle. Cette attribution permettrait inéluctablement de réduire les iniquités et inégalités existantes entre les écoles d’une même commune, de communes différentes ! Un Conseil d'Administration, composé de parents, de responsables territoriaux et de l’administration, d’enseignants, peut décider, orienter l’aspect pédagogique de l’établissement, guider une école. De plus, ce statut aurait la possibilité de contrôler et d’imposer à une municipalité de réaliser les travaux nécessaires à l’entretien du bâti scolaire, à la sécurité...

Pour la CFTC-EPR, au statut d’établissement, doit inévitablement se greffer un statut de la direction d’école définissant ses missions, ses prérogatives et ses moyens.

La CFTC-EPR insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas d’un statut hiérarchique et que les directrices et directeurs d’école n’ont pas à apporter d’appréciation sur les collègues. Il s’agit bien de donner aux directrices et directeurs d’école les moyens juridiques de prendre des décisions dans la gestion de leur établissement (pilotage, organisation, responsabilités, organisation des budgets, autorité administrative, sécurité…). Pour ce faire, les directrices et directeurs d’école doivent disposer d’un cadre clair, dans lequel seront notifiés leurs devoirs, leurs obligations mais aussi leurs droits, les outils mis à leur disposition pour mener à bien leurs missions. Ainsi, la formation de ce personnel devient nécessaire, évidente et entre dans le cadre réglementaire !

La CFTC-EPR rappelle ici la nécessité d’accorder, à chaque école, les moyens humains nécessaires pour assurer son bon fonctionnement, par la mise en place, d’une part, d’une aide à la direction pérenne, et d’autre part, d’un Assistant d'Education sécurité sur lequel la direction peut s’appuyer. 

La CFTC-EPR tient à rappeler une fois encore, la nécessité de reconnaître le travail des directrices et directeurs d’école. Cette reconnaissance doit passer par une réelle revalorisation des temps de décharge et par la dotation pour chaque directrice et directeur d’au moins une demi décharge, par une revalorisation salariale et par l’instauration d’une grille spécifique pour la direction d’école, garantissant la prise en compte de leur carrière.

Ce métier étant très prenant, mais usant. Il est aussi important que les directrices et directeurs d’école puissent bénéficier de passerelles vers des postes de mêmes catégories des autres ministères. Nous pourrons alors parler d’une véritable avancée !

Que dire de plus ?

Aux détracteurs, aux empêcheurs de tourner en rond, à ceux qui refusent un statut objectif de l’école, de la direction d’école, refusant de voir l’évidence, la CFTC-EPR les invite à sortir de leur bureau matelassé et à assumer actuellement une direction d’école…

Le décret n° 2023-777 du 14 août 2023 relatif aux directeurs d'école introduit une avancée dans le cadre de la reconnaissance du métier de la direction d'école. Ainsi, pour rappel, l'Art. R. 411-10 notifie que "Le directeur d'école veille à la bonne marche de l'école maternelle, élémentaire ou primaire dont il a la charge et au respect de la réglementation qui lui est applicable. Il prend toute disposition utile concernant l'organisation et le bon fonctionnement de l'école pour que celle-ci assure sa fonction de service public. A ce titre, il a autorité sur l'ensemble des personnes présentes dans l'école pendant le temps scolaire. Il réunit et préside le conseil d'école et le conseil des maîtres."

Mais là encore où l'on parle d'avancée, il y a des freins ! En effet, cette autorité annoncée reste à préciser car sujet à trop d'interprétations et directions différentes.

La CFTC-EPR attend, à ce sujet, une réponse claire du Ministère !